Le mardi 25 janvier, le Parlement a adopté à l’unanimité la création d’un nouveau délit contre les “thérapies de conversion” des homosexuels. Ces pratiques sont maintenant punies  d’au moins deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.

Les thérapies de conversion sont aujourd’hui un délit © REUTERS

Les thérapies de conversion sont aujourd’hui un délit © REUTERS

Le Parlement a adopté définitivement, après un ultime vote des députés à l’Assemblée nationale, une proposition de loi La République en marche (LRM) qui cible les “thérapies de conversion”, ces pratiques qui prétendent “guérir” les personnes lesbiennes, gays, bi et transgenres (LGBT). Adopté à l’unanimité par les 142 députés présents, le texte porté par la députée LRM Laurence Vanceunebrock crée un nouveau délit dans le code pénal punissant ces pratiques de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. Les peines pourront grimper à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende en cas de circonstances aggravantes.

 

“Des pratiques indignes”

Jugées "écœurantes" par Olivier Véran et "indignes" par Emmanuel Macron, ces thérapies clandestines qui vont de la prière à l'exorcisme, en passant par les traitements médicaux, sont le plus souvent pratiquées avec un prêtre, un pasteur, un imam ou même secrètement dans des cabinets médicaux. 

Les « thérapies de conversion » peuvent prendre la forme de séances d’exorcisme, de stages ou encore d’électrochocs, parmi une kyrielle de sévices qui ont des retentissements psychologiques, voire physiques durables, chez les victimes, souvent jeunes.

Les instigateurs de ces pratiques, désormais illégales, donnent différentes explications à l'homosexualité comme des problèmes hormonaux, des blessures émotionnelles, des envies de passage à réfréner ou encore des traumatismes liés à l'enfance. Ces derniers disent aider les personnes LGBT à "s'affirmer et devenir des hommes" ou encore à les "délivrer du démon", comme le rapporte le documentaire "Homothérapies, conversion forcée", diffusé sur ARTE ou encore l'organisation SOS homophobie, dans son rapport 2020 sur les LGBTIphobies.

Un rapport de l’Organisation des Nations Unies les considèrent comme étant même des actes de tortures le 13 juillet 2020. Décrivant ces pratiques comme étant “intrinsèquement discriminatoires, cruelles, inhumaines et dégradantes et que selon la sévérité de ces pratiques, ou de la souffrance ou douleur physique ou mentale qu'elles infligent à la victime, elles peuvent être assimilées à des actes de torture.

 

D’où proviennent ces thérapies ? 

Nées aux Etats-Unis à la fin des années 1970, les thérapies de conversion se sont peu à peu répandues en Europe et plusieurs modes d'action existent, comme le cite Le Monde. Celles-ci visent à “guérir” les personnes homosexuelles, bisexuelles ou lesbiennes en les “convertissant” à l’hétérosexualité.

En France, ces thérapies de conversion prennent généralement la forme de groupes de parole, de séminaires ou de confessions, souvent dans un contexte religieux. Les associations Courage France ou Torrents de vie organisent ainsi des séminaires “d’accompagnement”. Les personnes qui subissent ces thérapies peuvent garder de nombreuses séquelles psychologiques et physiques, entrer en dépression ou, dans le pire des cas, se suicider.

Aucune enquête n’a pour l’instant été réalisée en France. On dénombre cependant en 2020, aux Etats-Unis, 700 000 Américains victimes de ces thérapies. Plus de la moitié avant la majorité.

 

Sibylle Beaunée

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