Aujourd'hui, j'ai envie d'écrire sur la peur. Pas sur le sentiment, mais sur le côté théorique de la chose. J'ai toujours eu du mal à décrire les émotions dans mes textes dont la peur. Peut-être parce que j'ai moi-même du mal à ressentir et à comprendre mes émotions. Ou peut-être est-ce parce que les émotions ne répondent à aucune logique. Quoi qu'il en soit c'est quelque chose qui m'est toujours, et encore aujourd'hui, passé au-dessus. Pourtant j'ai souvent peur pour des choses bêtes : j'accélère la nuit dans le noir, je cache mes pieds sous la couverture la nuit et ne laisse pas mes mains tomber de mon lit, je panique lorsque je ne sais pas ce qu'il y a sous mes pieds dans l'eau. Non pas que je sois en réel danger. Car en toute logique je sais qu'aucune créature ne va apparaître au milieu d'un canyon pour m'entraîner vers le fond. Mais intimement je sais aussi qu’aucun tentacule ni aucune bouche géante ne m'effleurera si je ne suis plus dans l'eau... Alors je me dépêche d'en sortir pour rejoindre un endroit que mes pensées ne pourront pas parasiter. Et ce sont ces histoires la que je veux écrire. Pour ne plus avoir à les subir seule, pour avoir moins peur, ou alors au moins pour que vous ayez peur à votre tour. Que vous imaginiez se serpent géant vous suivre lentement sous l'eau, prêt à attaquer. Remontant peu à peu un peu plus proche de la surface et faisant de grands cercles autour de vous. Cercles devenant de plus en plus petits à mesure que la bête se rapproche de vos jambes à peine visibles dans l'eau trouble. Elle vous effleure maintenant. Elle va bientôt resserrer sa prise, elle est prête. Mais vous la sentez et remuez les jambes en pensant à une algue. Le monstre recule alors de quelques centimètres surpris, puis se rapproche de nouveau, déterminé. Il resserre sa prise sur vos jambes et vous vous sentez transpercés par la douleur. Vos os se brisant un a un. Et cette morsure qu'il vous inflige au niveau du bassin, vous sentez ses dents vous traverser le corps et hurlez de douleur en étant emportés vers le fond. Soudain, il n'y a plus d'oxygène, vous suffoquez, regrettez d'avoir crié et vous vous débattez pour remonter à la surface. Vos poumons vous brûlent et votre gorge se remplit d'eau. Les seules choses que vous arrivez à voir sont ses écailles flottant au milieu du liquide teinté par votre sang. Vous pensez une dernière fois : si seulement vous étiez sorti de l'eau quand vous aviez eu peur, si seulement vous étiez parti en sentant cette algue… alors vous seriez peut-être encore en vie en ce moment. Mais vous ne l'avez pas fait. Et c'est trop tard. Ce monstre bien sûr est imaginaire. Tout comme le monstre qui se cache dans notre placard ou sous notre lit, tout comme les horreurs que cache cette horloge effrayante, ou comme les formes qui vous regardent la nuit. Mais si la forme n'était pas un tas de vêtements mais bien une personne alors qui sait ce qui pourrait vous arriver. Vous pourriez vous faire violer, tuer, ou même pire. 

J'écris ça seule dans ma chambre, en pleine nuit, les larmes aux yeux à cause de la peur et les pieds cachés sous la couverture. J'espère que l'ombre en face de moi est bien le tas habituel de vêtements posés sur ma chaise car sinon il pourrait bien m'arriver ce qu'il pourrait vous arriver cette nuit...

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