Les français sont nombreux à penser que le mot BIO sur les étiquettes rime avec bon pour la santé. Le cas des bananes de Guadeloupe et de Martinique rend compte des dessous de l’appellation bio. Entre outil de marketing et publicité mensongère, voyons le vrai du faux des produits bio.

La campagne de publicité des bananes françaises a fait polémique © Que choisir

La campagne de publicité des bananes françaises a fait polémique © Que choisir

Les produits étiquetés “issu de l’agriculture biologique” sont devenus un logo marketing. D’après un sondage, 59% des français achètent des produits bio car ils pensent que les produits bio sont bons pour la santé. Avant de parler du côté imparfait des produits biologiques, il est important de rappeler que le bio présente de nombreux atouts. Les pesticides les plus dangereux sont souvent proscrits dans la culture de produits biologiques. Certains aliments peuvent alors être mangés avec la peau et procurent un meilleur apport en fibres. Plusieurs autres raisons sont promues par les industriels et les artisans pour vendre des produits "bio". Mais que se cache-t-il derrière ces trois lettres ? Parfois trompeur, les entreprises mettent en avant l’aspect bio de sa marchandise sans respecter un quelconque protocole.

 

Une publicité trompeuse

Les marques de producteurs font parfois le maximum pour coller à leurs produits l’étiquette “agriculture biologique”. Pour cela, les entreprises doivent respecter un cahier des charges précis et rigoureux qui permet d’obtenir le sésame de l’agriculture bio. Cependant, des marques décident de mettre en avant leur politique “biologique” sans pour autant être respectueuse de l'appellation Agriculture Biologique.

C’est le cas de l’Union des Groupements des Producteurs de Bananes de Guadeloupe et de Martinique (l’UGPBAN). La marque productrice de bananes n’a pas hésité à mettre en avant le bio de sa production. Le préfet de la Martinique a révélé le mensonge de cette publicité via un communiqué de presse le 14 janvier 2021. Selon lui : « Les bananes issues de la production biologique représentent moins de 2 % de la production totale de l’UGPBAN. Cette communication peut ainsi induire en erreur le consommateur. »

 

Un scandale sanitaire de longue date

Dans les Antilles, le marché de la banane a des problèmes avec la justice depuis les années 1990. Le scandale du chlordécone, un produit phytosanitaire utilisé dans les bananeraies de 1972 à 1993, responsable de la pollution des sols et de l’empoisonnement de la population. Il aurait aussi un lien de causalité avec l’augmentation des cas de cancers de la prostate. Cette molécule est un perturbateur endocrinien qui met en danger la vie des nourrissons. Les bananes seraient alors logiquement retirées du cercle respectif au biologique.

Une agriculture "bio" est difficile à mettre en place. Les sols ne sont pas propices à une production respectueuse de l’environnement qui bénéficie de l’appellation "bio" européenne.

 

Une mention "bio" hypocrite

Les bananes importées dans l’Union Européenne sont parfois étiquetées comme bananes biologiques. En Amérique du Sud et en Afrique, l’appellation "bio" est donnée alors que 14 produits phytosanitaires interdits en Europe sont utilisés. 

L’étiquette "bio" qui se veut gage de qualité n’est dans ce cas qu’un simple atout marketing qui met en péril la santé de millions de consommateurs.

La publicité promeut une banane 100% "bio". Il ne s’agit en réalité que d’une infime partie de la production. Sur les 200 000 tonnes de bananes vendues, seulement 1000 tonnes sont réellement biologiques. La campagne de publicité n’est pas mensongère mais reste fortement trompeuse.

Benoît Lesaulnier

 

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