Le 24 janvier dernier, le Burkina Faso a été confronté à un coup d'État, mettant fin au pouvoir du président Marc Roch Christian Kaboré. Cette prise de pouvoir forcée par les militaires est vivement critiquée par la communauté internationale malgré la satisfaction des habitants du pays.

Les militaires ont pris le pouvoir au Burkina Faso depuis trois jours. Une annonce officielle a été diffusée à la télévision. © AFP

Les militaires ont pris le pouvoir au Burkina Faso depuis trois jours. Une annonce officielle a été diffusée à la télévision. © AFP

Les militaires du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration ont pris les commandes du Burkina Faso. Ils ont annoncé l’instauration d’un couvre-feu de 21 heures à 5 heures sur l’ensemble du territoire. D’autres conséquences ont également pu être constatées : les frontières terrestres et aériennes du pays ont été fermées, le gouvernement et l’Assemblée nationale dissous et la constitution suspendue suite à ce coup d'État. 
Le MPSR s’est engagé à “proposer un délais raisonnable, un calendrier de retour à un ordre constitutionnel accepté de tous” et appelle les patriotes, les africains intègres et tous les amis du Burkina Faso “à le soutenir et l’accompagner dans ce tournant décisif de l’histoire de notre pays”.

De nombreux habitants sont descendus dans les rues de la capitale pour célébrer cette prise de pouvoir. “C’est une victoire, un nouveau départ pour le peuple burkinabé”, “Pour nous ce n’est pas un coup d’état, c’est une libération de notre pays”, “Nous avions demandé à plusieurs reprises le départ du président qui n’a pas entendu cet appel, l’armée nous a entendus et compris”, pouvait-on entendre dans la foule. Malgré leur enthousiasme, la communauté internationale condamne vivement ce coup d'État. 


De vives réactions à l’internationale

Cette prise de pouvoir n’a pas manqué de faire réagir les autres pays. Le Burkina Faso étant dans une situation instable, plusieurs instances internationales réclament le retour au calme.

L’Union africaine et la communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont "fermement condamné” le coup d'État militaire et la démission du président obtenue sous la menace. Elle a aussi appelé au dialogue entre les militaires et les autorités civiles.
L’organisation G5 Sahel a elle aussi vivement réagi en déclarant qu'elle “condamné énergiquement cette tentative d'interruption de l’ordre constitutionnel”.  

Emmanuel Macron s’est lui aussi exprimé sur le sujet et condamne ce coup d'État au Burkina Faso. “J’ai eu de premiers échanges avec les dirigeants de la région. Comme toujours, nous sommes au côté de l’organisation régionale qu’est la Cédéao pour condamner ce coup d'État militaire”, avait-il déclaré. La France a également appelé ses ressortissants à la prudence et à éviter tout déplacement dans le pays.
L’Union Européenne, les États-Unis, ainsi que l’ONU, réclament la “libération immédiate du président”. Le secrétaire général, Antonio Guterres, a ajouté que “les coups d'État militaires étaient inacceptables” et réclamait aux militaires de “défendre leur pays, pas d’attaquer leurs gouvernements”. Le Haut Représentant de l’Union européenne, Josep Borrell, a également pris la parole et a déclaré que “L’Union Européenne était très préoccupée par l’évolution de la situation au Burkina Faso”. 
Le département d'État américain a exprimé sa “profonde inquiétude concernant la dissolution du gouvernement, la suspension de la constitution, et la détention des dirigeants du gouvernement”. Et le Royaume-Uni a appelé au dialogue et au retour de la démocratie.

De leur côté, certains Russes se réjouissent de la situation. C’est le cas de Evguéni Prigojine, homme d'affaires réputé proche de Vladimir Poutine et soupçonné d’être lié au groupe paramilitaire Wagner, qui a salué le putsch comme le signe d’une “nouvelle ère de décolonisation en Afrique”. Avant d’ajouter : « Tous ces soi-disant coups d’Etat sont dus au fait que l’Occident essaie de gouverner les Etats et de supprimer leurs priorités nationales, d’imposer des valeurs étrangères aux Africains, parfois en se moquant clairement d’eux ».
Alexandre Ivanov, l’un des représentants russes en Centrafrique, a lui aussi réagi sur Twitter. Il a salué les putschistes de Ouagadougou et a déclaré que la France n’avait obtenu “aucun succès” dans la lutte antiterroriste dans la région.

Il faudra attendre les prochains jours pour voir comment la situation du Burkina Faso évolue et si les militaires compte tenir compte des propos de la communauté internationale.


Mathilde Albert
 

Retour à l'accueil