La Primaire populaire, qui anime les débats à gauche depuis plusieurs semaines, a commencé ce jeudi 27 janvier. Les 470 000 inscrits doivent élire leur prochain représentant à gauche parmi 7 candidats. Cependant trois des favoris à cette primaire refusent d’y figurer. Alors est-ce une vaine mission que s’efforcent de maintenir les électeurs ? 

Les 7 candidats proposés pour la primaire populaire © AFP et La Provence

Les 7 candidats proposés pour la primaire populaire © AFP et La Provence

La primaire populaire a commencé ce jeudi 27 janvier. Mais Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, les trois favoris, ne veulent pas que leurs noms figurent sur la liste. Nous vous expliquons en quatre points les particularités de cette primaire. 


1/ Une primaire impopulaire


Le jeu de mot est facile mais l’information est très évocatrice. Les sept candidats à cette primaire se divisent en deux groupes. Anne Hidalgo (Parti socialiste), Jean-Luc Mélenchon (France insoumise) et Yannick Jadot (Europe écologie les Verts) sont chacun opposés à ce que leur nom figure sur cette liste.


En face, Christiane Taubira (ex-garde des sceaux), le député européen Pierre Larrouturou et deux candidates issues de la société civile, Charlotte Marchandise et Anna Agueb-Porterie se présentent comme des concurrents au scrutin. Christiane Taubira est la seule des quatre favoris à avoir encouragé cette primaire. Elle a avoué qu’elle se plierait au résultat de cette primaire pour savoir si l’ancienne ministre de François Hollande sera ou non candidate pour la présidentielle.


Mais la non-participation des trois premiers candidats rend cette primaire illégitime. Si ces derniers ne retirent pas leur candidature pour l’élection en avril, une victoire de Christiane Taubira viendrait simplement ajouter un candidat à gauche. La division ne serait alors que plus grande.

 

2/ Un mode de scrutin novateur


La nouveauté dans ce scrutin est la présence de mineurs. Dès 16 ans, les jeunes peuvent participer au scrutin. Une volonté pour les organisateurs de donner du pouvoir à cette catégorie qui souhaite donner sa parole. Les enjeux écologiques ont d’ailleurs souvent été soulevés par ces derniers, c’est pourquoi ils acquièrent ce pouvoir. Pour voter à la Primaire populaire, il était nécessaire de s’inscrire avant dimanche 23 janvier.


Les participants à cette primaire sont éloignés du nombre espéré qui était de 2 millions d’inscrits. Les participants sont toutefois plus nombreux que lors de la primaire des verts, 122 000 participants. L’engouement pour la gauche reste moins élevé qu’en 2017 où la primaire avait permis d’attirer 2 millions de Français pour élire Benoît Hamon.


La primaire populaire demande aux votants d’accorder une mention aux candidats pour répondre à la question : « qui est le plus à même de faire gagner l’écologie et la justice sociale à l’élection présidentielle ». Les mentions doivent être réparties entre chaque candidat. Celui ou celle qui obtient la mention médiane la plus élevée remporte le scrutin. Un moyen de s’exprimer encore jamais vu en politique. Alors, même si ce scrutin semble être difficile pour rallier la gauche, elle peut donner des idées pour la suite pour choisir un représentant.

 

3/ Un socle commun à respecter


Le candidat qui arrivera en tête devra s’engager à respecter un socle commun. C’est un ensemble de lois et de mesure que la primaire populaire à répertorier. Ces idées ont pour objectif de représenter la politique écologique et sociale de la gauche. On retrouve notamment « une grande loi de transition alimentaire vers une agriculture paysanne et écologique » ou encore la fin de « la monarchie présidentielle ». Un total de dix propositions écrites par des partis de gauche.


L’association qui s’occupe du scrutin prétend avoir formé 5000 bénévoles. Ces derniers seraient une force de frappe pour la campagne du candidat arrivé en tête puisque l’objectif et par la suite de l’aider à conquérir le pouvoir présidentiel. Mais si un candidat venait à refuser ce soutien, la primaire populaire ne le soutiendrait pas. « On ne fera campagne pour personne : ni le gagnant ou la gagnante ni aucun autre », assure Mathilde Imer, porte-parole de l’organisation.

 

4/ Une action partisane


Le mot d’ordre chez les électeurs - contrairement aux candidats - est l’union. « 85 % des électeurs dits de « gauche » et écologistes souhaitent le rassemblement et 73 % d’entre eux souhaitent que cela passe par un vote », indique Mathilde Imer, cofondatrice de l’initiative dans un entretien au Monde. La militante souhaite que ce soit les électeurs qui prennent l’initiative pour redorer le blason de la gauche. Ce sont eux qui ont le plus de légitimité à choisir pour le candidat et de présenter une solution crédible face aux candidats déjà en lice à droite.

La porte-parole de la Primaire populaire, Mathilde Imer © Sébastien Muylaert - Maxppp

La porte-parole de la Primaire populaire, Mathilde Imer © Sébastien Muylaert - Maxppp

Les militants de gauche souhaitent en majorité que cette union se réalise. Elle pourrait permettre à Mélenchon d’obtenir les milliers de voix qui lui manquait pour accéder au second tour. Cette primaire se présente aussi comme la rampe de lancement de Christiane Taubira ou encore le retour du PS et d’Anne Hidalgo. « On ne veut pas que les fascistes gagnent, et on ne veut pas non plus que Macron déroule sans limite son agenda pendant cinq ans de plus », résume David Cormand, député écologiste. La volonté est donc de faire bloc pour que la gauche puisse accéder au second tour de la présidentielle. Utopie ou désillusion, les électeurs détermineront qui est le plus à même à désigner un candidat.

 

Benoît Lesaulnier

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