La transition énergétique d’ici 2050 est le défi du XXIe siècle. Deux camps s’opposent : les pro-nucléaire et les pro-énergies renouvelables. Des solutions sont proposées pour un avenir sans gaz à effets de serre. 

"Eoliennes" de Thomas Reaubourg

"Eoliennes" de Thomas Reaubourg

Transformer la production d’énergie pour mettre fin aux émissions de gaz à effet de serre (GES) en France d’ici 2050 est le défi du XXIe siècle. Deux solutions existent, le passage aux énergies renouvelables (EnR) ou la reconstruction du parc nucléaire. Les 18 centrales françaises sont vieillissantes. Emmanuel Macron souhaite “la renaissance du nucléaire” en construisant 6 à 14 réacteurs. A gauche, Jean-Luc Mélenchon milite pour en “sortir” et investir “dans les innovations énergétiques”. Le débat est au cœur de la politique du pays. 

Les centrales nucléaires françaises sont en fin de vie, et il n’est pas possible de repousser indéfiniment leur fermeture. Les centrales prennent de nombreuses années à construire. Celle d’EPR française, Flamanville-3, devant être mise en service en 2012, ne le sera qu’en 2023 au plus tôt. Devant ces imprévus, aussi bien techniques qu’économiques (16 milliards de plus), une prise de décision rapide devient nécessaire. 

Le réseau de transport de l’électricité (RTE), filiale d’EDF, a imaginé six façons de construire un avenir en réduisant nos émissions de GES. Trois des solutions fonctionnent avec 100 % d’EnR : la sortie du nucléaire en 2050, la sortie en 2060 en développant l’énergie solaire ou la sortie en 2060 en développant les parcs éoliens. Les trois solutions restantes se basent sur les EnR couplées à du nucléaire : construire 8 nouvelles centrales et fonctionner à ⅔ avec des énergies renouvelables, 14 centrales et ⅔ d’EnR ou 14 centrales, des SMR (petits réacteurs) et 50 % d’EnR.

La filiale précise que pour passer au 100% renouvelable, il faut investir dans la recherche sur la flexibilité (moyens de stockage de l'énergie par exemple). En ajoutant ce besoin d'investissement aux coûts, elle conclut que les solutions à 100 % d’EnR sont plus coûteuses que celles fonctionnant avec du nucléaire (10 à 20 milliards de plus par an).

Cette conclusion laisse des spécialistes perplexes. La CIRED (Centre International de Recherche sur l’Environnement et le Développement) a montré que la différence serait minime. Christian Breyer, spécialiste des énergies renouvelables explique que pour faire ses calculs, la RTE a “fixé trop haut les coûts [des EnR] et ceux du nucléaire trop bas”. Une fois les variables ajustées, il a montré que le coût total des EnR était égal à celui du nucléaire. 

 

L’ADEME propose ses solutions

L’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) propose également d’autres solutions pour un avenir sans GES. Elles sont au nombre de quatre : “génération frugale” (S1), “coopération territoriale" (S2), “technologie verte”, avec une option EnR offshore et une nucléaire (S3) et “pari réparateur” (S4). Les trois premières propositions (S1, S2, S3 EnR-offshore) ont pour but de se passer du nucléaire.

S1 consiste à changer son mode de consommation. Les réductions de GES se font avec trois fois moins de viande consommée et une baisse de l’électricité utilisée par les particuliers. Il est demandé de consommer plus modérément. La solution est fortement contestée par le RTE qui ne veut rien imposer à la population.

S2 propose une économie du partage. Entreprises, Etat et particuliers coopèrent et l’évolution est progressive. La consommation est responsable, basée sur le partage de biens et de services. Une transition alimentaire à également lieu et le pays est industrialisé.

Enfin, S3 EnR-Offshore souhaite un consumérisme optimisé. Il se base sur un développement technologique, la destruction des anciens bâtiments et la reconstruction de bâtiments plus écologiques. La société investit dans la technologie et l’innovation. La production d’électricité serait faite par des éoliennes en mer. 

L’ADEME explique que ces solutions ont de nombreuses limites. Toutes sont des paris sur l’avenir et elles ne peuvent fonctionner sans l’aide de la population. Elles impliquent un changement d’alimentation (¼ de l’empreinte carbone) et une rénovation des bâtiments (¼ des GES). L'efficacité énergétique ayant des limites physiques, cela implique une baisse de la consommation des citoyens français. C’est une réponse que tous ne sont pas prêts à accepter. 

Le besoin de trouver une solution durable pour remplacer les centrales vieillissantes est nécessaire. A l’avenir, de nombreuses solutions s’offrent à nous, avec plus ou moins d’EnR et de nucléaire. Sean Vavasseur, travaillant pour le syndicat des énergies renouvelables, explique que le développement des EnR reste important pour les prochaines années, où la “sécurité de l’approvisionnement sera un enjeu, même dans un futur où l’on aurait mis en chantier une dizaine d’EPR [centrales]”

 

Amandine Rossato

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