Le rapport annuel de SOS Homophobie sur les LGBTIphobies montre que l’égalité de tous est loin d’être acquise. Sorti le 16 mai, il met en avant l’augmentation des violences à l’encontre des transexuels. 

Photo de Margaux Bellot

Photo de Margaux Bellot

Victimes, on vous croit !”, ainsi se conclut le dernier rapport sur les LGBTIphobies fait par SOS Homophobie. Publiée depuis 1997, l'association, pour écrire sa publication annuelle, a recueilli 33.868 témoignages au total. Et si le nombre de cas recensés est en baisse (1515 en 2021 contre 2396 en 2019), le rapport de 2021 montre des avancées en demi-teinte dans le pays. 

L’année dernière se démarque avec la fin des thérapies de conversion et l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules. Mais elle laisse sur le carreau les personnes transgenre et intersexe, car la loi se base sur l’état civil, restreignant l’accès à la procédure. Dans les écoles aussi, une circulaire a été diffusée pour mieux prendre en compte l’identité de genre des personnes, mais il faut une autorisation préalable des parents. “Des avancées mitigées”, déplore Lucile Jomat, présidente de SOS Homophobie. “Cette année, les personnes transgenre ont souvent été oubliées par la loi ou maltraitées dans les débats publics", regrette-t-elle. 

 

Augmentation des violences transphobes

L’année 2021 se solde par une augmentation des violences envers les personnes transgenre, représentant 179 signalements. 16% d’entre eux sont mineurs. Ils sont particulièrement touchés dans le cadre scolaire où ils sont souvent mégenrés par l’équipe pédagogique. De retour chez eux, la violence continue. Selon le rapport, la violence commise au sein des familles et de l’entourage proche a augmenté. Entrainée à 46% par un ou deux parents, les personnes transgenre sont particulièrement exposées. “Elles peuvent être séquestrées, punies, violentées psychologiquement et physiquement, certains finissent alors par quitter leurs domiciles, sans moyens et sans avoir terminé leurs études”, se désole Lucile Jomat. 

 

Graphique extrait du rapport de SOS Homophobie

Graphique extrait du rapport de SOS Homophobie

La violence se retrouve dans la vie de tous les jours : “les commerces peuvent refuser de donner un colis, de vendre des cigarettes ou de rentrer dans le magasin. Au travail, il y a les regards déplacés, les blagues, les propos LGBTIphobes, l’avancés dans sa carrière bloquée, les licenciements abusifs… Dans l'administration, on bloque leurs démarches, on refuse de changer leur état civil. Quand ils vont voir la police on minimise leurs propos voire on refuse leurs plaintes…”, continue la présidente de l’Association. Toutes ces situations entraînent une plus grande précarité chez les personnes au centre de ces discriminations.

 

Les propos LGBTIphobes ne sont pas des opinions mais bien des délits”

Les 1515 témoignages sont la preuve que les LGBTIphobies continuent partout. Les homosexuel.es sont souvent au coeur de la violence, surtout lorsqu’ils sont en couple. 63% des signalements faits par des lesbiennes relatent des violences alors qu’elles étaient avec leur petite amie. Les personnes bisexuelles, quant-à-elles, continuent d’être invisibilisées : “quand iels sont en couple avec quelqu’un du même genre iels sont considérés comme gays, sinon iels sont hétéros. Souvent, leur orientation sexuelle est donc invisibilisée”, éclaircit la présidente d’SOS Homophobie. Elle tient à le rappeler : “Les propos LGBTIphobes ne sont pas des opinions mais bien des délits.” 

La haine en ligne laisse, elle aussi, un constat mitigé : elle augmente et représente le plus de signalements (207). Pourtant, alors qu’elle comptabilisait ⅓ des témoignages en 2019, elle n’en représente plus qu’⅕ aujourd’hui. Lucile Jomat explique cette situation : ”Beaucoup ont simplement arrêté de le signaler. Quand iels le font, il ne se passe rien… Alors iels finissent par en avoir marre et par arrêter de faire des signalements.”

 

Les solutions d’SOS Homophobie

Cette année, l’association SOS Homophobie a créé une nouvelle plateforme d’aide, en plus de sa ligne d’écoute, de son tchat et de ses courriels. Ces derniers n’étant pas disponibles tout le temps, les membres de l’association ont voulu “créer une option pour les personnes ayant besoin d’une réponse rapide. Elle permet de répondre à la fois à des questions en lien avec un acte LGBTIphobe mais également d’obtenir des réponses sur leurs droits, sur l’identité de genre ou encore sur l’orientation sexuelle. Ils sont ensuite orientés vers d’autres associations ou plateformes spécialisées", indique la présidente. 

Mais des plateformes seules ne suffisent pas. C’est pour cette raison que l’association fait aussi de nombreuses interventions de sensibilisation dans les écoles ou dans les entreprises par exemple. “Notre but est de déconstruire les stéréotypes”, indique Lucile Jomat, “pour que ce que l’on fait marche, il faut aussi qu’il y ait des condamnations et que ce sentiment d’impunité soit levé. Les actes LGBTIphobies doivent avoir des répercussions. Il faut aussi qu’il y ait une parfaite égalité des droits pour supprimer toutes les discriminations.”

L’association demande l’ajout de certaines lois : “Nous aimerions que le changement d’état civil pour les personnes transgenre soit facilité, pas qu’iels doivent demander la validation d’un psychologue pour savoir comment ils s’identifient. Et nous demandons à ce que les mutilations à l’encontre des enfants intersexe cessent. Les docteurs font souvent des opérations à la naissance, sans forcément donner toutes les informations aux parents. Ca doit s’arrêter et la personne doit choisir d'elle-même, de manière éclairée, ce qu’elle veut faire avec son corps. Personne ne devrait choisir à leur place. Nous avons donc besoin du soutien de la loi pour les protéger”, termine Lucile Jomat, présidente d’SOS Homophobie.

 

Amandine Rossato

 

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