La Primaire populaire remportée par Christiane Taubira au cœur des tensions à gauche

Favorite de la Primaire populaire, Christiane Taubira a remporté, ce dimanche 30 janvier, le scrutin qu’elle était la seule principale candidate de gauche à soutenir. À moins de 70 jours de l’élection présidentielle, un rassemblement de la gauche française semble encore loin malgré la volonté de l’ancienne ministre de la Justice.

Christiane Taubira a remporté la primaire populaire qu'elle soutenait © Thomas Coex/AFP

“Bien plus”, c’est la note qu’a obtenu Christiane Taubira dimanche soir lors du dépouillement des votes de la primaire populaire. Si le système de notation peut interroger, le résultat est clair : elle devance Yannick Jadot (“assez bien plus”) et Jean-Luc Mélenchon (“assez bien moins”). Malgré tout, le scrutin, rejeté par les principaux candidats, ne peut vraiment souder un camp extrêmement divisé.

Une candidature de plus

Critiqué de toutes parts, le vote de dimanche débouche sur une nouvelle candidature à gauche. Christiane Taubira va tenter de briguer l’Élysée tout comme les autres candidats déclarés qui n’ont aucune envie de se ranger derrière son personnage. Au sein d’un parti en morceaux, sa victoire s’apparente à une nouvelle défaite pour les défenseurs d’un véritable rassemblement.

“Je prendrai l'initiative d’appeler les autres candidats”, a déclaré l’ancienne ministre de la Justice après sa victoire. Elle appelle les socialistes, les écologiques, les insoumis et les communistes à soutenir cette union. “Nous voulons une gauche unie, nous voulons une gauche debout, nous avons une belle route devant nous, je suis fière, je mesure le poids de cette confiance, nous n’avons pas le droit d’abandonner”, a-t-elle continué.

Dans le QG de Christiane Taubira, l’ambiance est évidemment joyeuse, on y espère un futur rassemblement. Pour l’heure, l’ancienne députée de la Guadeloupe entend dépasser certains candidats comme Yannick Jadot ou Anne Hidalgo dans les enquêtes d’opinion ou autres baromètres politiques. Le candidat d’Europe Écologie Les Verts pense d’ailleurs : “C’était une primaire pour Christiane Taubira, elle en sort vainqueure. C’est une candidature de plus, c’était exactement l’inverse de ce que souhaitait la Primaire populaire.”

Une union difficile à envisager

Sur les antennes de France Info, ce lundi 31 janvier au matin, elle s’est défendue : "Je suis une candidate de plus pour celles et ceux qui considèrent qu'un processus démocratique ça ne vaut strictement rien du tout, qu'un demi-million de personnes qui votent ça ne vaut rien du tout."

La candidate socialiste Anne Hidalgo est en passe d'être devancée dans les sondages par Christiane Taubira © AFP

Impliqués dans le scrutin à leur insu, Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot avaient annoncé bien avant le dépouillement leur refus de reconnaître le résultat officiel. Ainsi, ils ne voulaient se réunir avec le gagnant, presque connu d’avance. Maintenant que Christiane Taubira a remporté cette Primaire populaire, aucun leader de gauche n’a changé de position. Lorsque Le Monde demande au candidat de La France insoumise s’il compte répondre à un potentiel appel, sa réponse est lourde de sens : “Non, j’en ai un peu marre des appels téléphoniques où on me prend pour une bille, ça finit par m’indisposer”.

Les deux autres candidats regrettent également la tenue de ce vote ainsi que son issue puisqu’ils voient une nouvelle candidate dans la course à la présidentielle. Du côté des socialistes, le dépouillement a été plutôt difficile à digérer. En plus de la victoire de Christiane Taubira, les votes ressemblent à une défaite pour Anne Hidalgo. Elle termine en cinquième position, derrière Pierre Larrouturou, un eurodéputé bien moins connu et reconnu. Dans l’optique de la prochaine présidentielle, le parti reste divisé entre un renoncement et une poursuite de campagne même si celle-ci semble mal embarquée;

Enzo Leanni